Au regard de ce qui se passe dans d’autres pays, il
est possible de penser à une assurance maladie universelle en République de
démocratique du Congo. Cependant, la réflexion doit partir des réalités socio-
économiques et politiques congolaises, ensuite jeter un coup d’œil sur ce qui
se passe ailleurs et enfin définir un modèle congolais.
La couverture de santé universelle (CSU) est un des
maillons de la lutte contre l’appauvrissement de la population. Et en tant qu’une
de branches de la protection sociale, c’est un droit universel, stabilisateur
de l’économie. Par exemple, sans les mécanismes de garantie des revenus en
période d’incapacité de travail, ainsi que de l’accès aux services de bases
tels que la santé et l’éducation, la pauvreté en Belgique concernerait 42% de
la population[1].
Et d’après L’OMS, « la couverture sanitaire
universelle consiste à veiller à ce que l’ensemble de la population ait accès
aux services préventifs, curatifs, de réadaptation et de promotion de la santé
dont elle a besoin et à ce que ces services soient de qualité suffisante pour
être efficaces, sans que leur coût n’entraîne des difficultés financières pour
les usagers »[2]
Chaque pays a donc, le droit de s’en approprier et
de développer un modèle capable de couvrir un maximum de la population.
Cependant, faire une copie conforme d’un modèle
serait une erreur car les facteurs tels que le PIB, le budget national, la
densité de la population, les coûts réels de soins de santé, réalités
socio-politiques (Exemple de la rébellion en Colombie), superficie, taux de
fécondité, etc… sont tellement différents d’un pays à un autre.
L’Obamacare, coutera 1760 milliards USD
sur 10 ans d’après le Congressionnal Budget Office soit 176 milliards par an
pour couvrir 50 millions d’américains. Et dans le modèle cubain, 10% du PIB est
la part affectée aux soins de santé dans le budget national ce qui correspond à
+ou- 9 milliards USD pour 11239445 habitants.
Ces données pourraient laisser perplexe les
politiques congolais, d’autant plus que le budget national congolais était 5,7
milliards USD en 2018 et que l’organisation mondiale de la santé recommande aux
pays africains d’affecter 15% de leur budget national aux soins de santé. Faudrait-il donc +ou – 750 millions USD pour avoir un système de santé de qualité
sur une superficie de 2345410 km² et couvrir plus 90 millions des personnes?
Ce montant reste dans tous les cas faible, par rapport aux personnes à couvrir.
Ce montant reste dans tous les cas faible, par rapport aux personnes à couvrir.
Par contre, s’inspirer des modèles existants en vue
de répondre au mieux aux besoins spécifiques locaux est une des pistes à
creuser :
Prenons le cas de deux pays sud-américains
qui peuvent se prévaloir de couvrir pour l'un 96% de la population et pour
l'autre 100%. Il s'agit respectivement de la Colombie et de Cuba. Les deux
modèles sont totalement opposés, le premier capitaliste et le deuxième
communiste. Et chacun de ces deux pays a construit son système de couverture
sanitaire universelle en fonction des réalités sociétales propres:
a) Comment
la Colombie avait-elle procédé pour couvrir les populations dans les zones de
conflits et les populations rurales ? Ce modèle de solution peut être appliqué
à la RDC dans les territoires de l’est
du Pays. Cette partie du pays est minée par les conflits armés et une partie de
la population vit dans les zones rurales.
b) Comment
le Cuba avec peu de moyens, sans l’aide de FMI, a pu se doter d’un système de
couverture sanitaire universelle et
d’une médecine de qualité ? La RDC peut s'en inspirer d'autant plus que le montant
qui correspond au 15% du budget national et qui est destiné aux soins de santé,
est largement faible par rapport au nombre de la population à couvrir.
Nous sommes convaincus que cette méthodologie, nous
permettra d’accoucher un modèle de couverture sanitaire typiquement congolais.
Ce qui d’ailleurs fera l’objet de prochaines publications.
Patrick Ndjadi Ombombo
Consultant en Couverture Soins de Santé
Et Administrateur Délégué de CRAMU
patndjadi@yahoo.fr
+32473672186(Belgique)
+243994469950(RDC)
Je suis absolument d'accord de votre approche qui émane d'une analyse pragmatique de la situation réelle de notre pays la Rdc. Il faut avouer que c est aussi le mimétisme mal aiguillé qui à bien souvent plombé et retardé le processus d émergence de notre pays car les théories de développement appliquées ne répondent pas aux contraintes économiques, politiques et sociales. Nous avons besoins de la fameuse réponse du Berger à la bergère !!!
RépondreSupprimerMerci pour cet article. Pourriez-vous, lors de vos prochaines, publications expliciter un peu plus le modèle cubain et colombien de CSU. A mon humble avis, ce sont ces genres d'illustrations concrètes qui pourraient inspirer nos dirigeants (congolais) à trouver une solution durable aux problèmes de santé de nos populations. Il y a aussi lieu d'espérer qu'il y aurait à leur niveau un peu de courage et surtout volonté politique...
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